Le sadisme – Maître Loup
Voilà un sujet qui revient souvent lorsque l’on parle BDSM… Qu’est-ce que le sadisme, est-ce une condition nécessaire pour devenir Maîtr(ess)e, jusqu’où cela peut-il aller, autant de questions que l’on peut se poser, lorsque l’on débute, lorsque l’on évolue, lorsque l’on cherche un(e) dom ou un(e) soumis(e)…
Comme à mon habitude, je tiens a préciser que ce que je vais vous dire n’engage que moi, et ceux qui partagent ma vision. Ce n’est pas la seule, d’autres auront des réponses différentes des miennes, ce qui en fait des dominant(e)s différent(e)s, n’ayant pas les mêmes types de relations que la nôtre (certains d’entre-vous la trouvent d’ailleurs peut-être déjà trop guimauve, ou au contraire trop hard) l’important est qu’elle soit, pour nous, épanouissante… Et quelles que soient vos attentes, nous vous souhaitons à tous de trouver cet épanouissement ! Mais je m’égare, alors reprenons!
Si la définition du sadisme est « Perversion sexuelle dans laquelle le plaisir ne peut être obtenu que par la souffrance infligée à l’objet du désir », le terme de sadique est plus couramment utilisé pour définir une personne qui ressent un réel plaisir (principalement cérébral) soit à infliger de la douleur, soit à voir souffrir sa partenaire. De ma propre interprétation, il y a une nuance entre aimer infliger de la douleur (la sensation en elle-même, le pouvoir physique et brutal), et aimer voir souffrir sa partenaire (autrement dit la voir céder son corps et accepter la douleur)…mais ces deux visions ne sont pas incompatibles, et sont même souvent complémentaires, même si nous tendons tous vers l’un ou l’autre de ces deux camps. Nous parlons évidemment ici de relation et de pratiques consenties et consensuelles, dans le respect des limites fixées, est-ce bien utile de le préciser ?!
Pour qui n’aurait qu’une connaissance théorique de la D/S, ou serait simplement sur cet article par curiosité, la première question que vous vous posez sûrement est bien évidemment « pourquoi vouloir infliger de la douleur?« … La question est légitime. La réponse, chacun à la sienne, je vais néanmoins tenter d’y répondre de la manière la plus large possible, étant moi-même passé de « Dominant non sadique » à « Maître partiellement sadique », le tout évoluant vers une partie sadique plus extrême depuis ma rencontre avec Ayamé. (Notez que l’évolution du sadisme n’a aucun lien entre le passage du statut de Dom à celui de Maître, mais j’y reviendrais lors d’un prochain article!).
Le droit de lui faire mal? Voilà une raison intéressante. En effet, offrir son corps à son maître signifie qu’il est libre de l’utiliser à son gré. L’embrasser, le lécher, le pénétrer sont des préceptes admis dans toutes relations de couple (du moins je l’espère pour vous!). Fondamentalement, la D/S tend a dépasser la normalité, à briser les barrières, à repousser les limites. De fait, il est naturel d’aller plus loin dans cette possession du corps. Il y a bien des façons d’utiliser un corps, mais lui infliger de la douleur est l’un des « tabous » ultimes de la relation vanille. Qu’il est tentant, puisqu’autorisé, d’outrepasser ce tabou en tant que Maître (et naturellement, plaisant de l’autoriser en tant que soumise). Je choisis de l’utiliser de cette façon, parceque j’en ai le droit, tout simplement. Je peux faire ce qu’aucun autre n’a pu lui faire, qu’aucun autre ne lui fera (du moins sans mon accord!), lui rappelant ainsi ce que je suis pour elle, et ce qu’elle est pour moi, ma possession, l’esclave de la volonté, même si celle-ci est de lui faire mal.
Le plaisir de la voir accepter ma douleur? Une autre raison qui revient souvent. En effet, l’abnégation est l’un des plus grands plaisirs cérébraux de la soumise, l’une des plus importantes attentes d’un maître, et l’un des éléments les plus essentiels à la complémentarité si particulière d’une relation D/S. De cette abnégation naît l’acceptation. Accepter la douleur infligée est incontestablement l’une des plus belles preuves de soumission que l’on puisse admirer.
En ce qui me concerne, lorsque je la vois souffrir, approcher de la limite supportable et « parler chinois » comme elle dit, je prends un plaisir non dissimulé à la voir accepter, pour moi, de souffrir. Elle me prouve, dans l’instant, tout son amour, toute sa soumission, tout ce dont elle est prête pour moi. Quelle sensation ! Une déclaration d’amour silencieuse. Un poème déclamé sans mots, une symphonie sans notes. Incontestablement, j’adore cela, et de plus en plus!
Libérer un besoin physique? Je ferai très bientôt un article dédié à la complémentarité entre un Maître et sa soumise et le parallèle fait avec le sabre et son fourreau. Toujours est-il que la soumise peut, dans certains cas, avoir un rôle très particulier : celui d’absorber un besoin de son Maître. Il en va de même dans toutes les belles histoires. Une femme, dans la relation la plus harmonieuse d’un couple, peut être à la fois épouse, amante et amie. Elle écoutera, partagera et absorbera les difficultés de son époux…son besoin de parler, de se confier, pourquoi pas de partager sa peine ou de pleurer, pour ainsi le soulager. Ce qui sera (et doit!!!) être réciproque, bien entendu! En D/S, d’autres choses (entendez « en plus », pas « à la place » du moins en ce qui nous concerne) peuvent intervenir. D’autres besoins que la confidence et l’ouverture. Celui d’infliger. De la contrainte, de l’humiliation, de l’épreuve, ou, dans le cas présent, de la douleur. L’origine de ce besoin dépend de chacun, et je ne jugerais aucun d’eux pour peu que jeurs expressions soit bienveillantes et respectueuses des limites. Pour autant, si ce besoin est là, il est logiquement l’une des raison à la présence de la pratique du sadomasochisme dans la relation D/S.
La punition? Bien entendu, c’est souvent là qu’intervient la douleur dans l’inconscient collectif, et ce dès la plus tendre enfance, la fessée au premier plan. J’ose croire qu’il est inutile de préciser qu’en tant que Maître, l’un des rôles est bien sûr l’apprentissage, et le précepte de base « action-reaction » impose fatalement une réaction (proportionnée !) à un manquement, quel qu’il soit… Infliger une douleur est donc une conséquence, admise et courante, à toute faute commise par la soumise. En ce qui me concerne, et au grand dam de ma soumise, je n’utilise que rarement la douleur dans ces cas là. Pourquoi? La première raison est que je suis un fervent partisan de l’éducation positive! La carotte plutôt que le bâton. Et ce n’est pas ma relation avec Ayamé qui me fera déroger a cette conviction, puisque je vois grandir en elle, jour après jour, l’envie et le plaisir de me satisfaire, qui la pousse bien d’avantage que la peur d’une quelconque punition. L’autre raison est la pleine conscience de mon propre comportement, et de la maîtrise de moi-même. Comme tout le monde, la colère, la déception, voire la fureur ont un effet néfaste sur mon self-control. Or, ce dernier, surtout lorsqu’il s’agit d’infliger de la douleur, est primordial. Aussi, avoir le réflexe d’une punition immédiate pourrait être dangeureux pour ma soumise. Mon article concernant les responsabilités du maître délivre une réponse sans appel : mettre en danger sa soumise est une impossibilité totale et permanente, un des rares sujets sur lesquels mon avis est ferme et définitif. Pourtant, il peut m’arriver, par « jeu », d’infliger une punition physique et douloureuse (surtout quand ma petite Ayamé fait tout pour la mériter, par jeu et par défi également !) cependant elle sera réfléchie, et interviendra a un moment ultérieur, de façon contrôlée et maîtrisée. Il m’est nécessaire d’être calme pour me contrôler parfaitement, et ainsi prendre toutes les précautions nécessaires au bien être de ma Soumise. C’est ainsi que je fonctionne.
La faire se renforcer et s’épanouir? Un sujet que je développerai également, puisqu’il m’a été plusieurs fois demandé ces dernières années la différence entre les bons et les mauvais dominants (ndlr les inconnus) !
Toujours est-il qu’une des différences entre un bon et un mauvais dominant est la prise en compte de sa soumise en tant que femme (quand bien même vous auriez une relation strictement D/S). J’entends par là que la personne avec qui vous partagez vos séances n’est pas qu’une soumise, elle est aussi une femme, qui pense, agit, vit, ressent. Elle a une vie sociale, familiale, professionnelle. Ne pas le prendre en compte est une hérésie. Or, il se trouve qu’au travers de la douleur, celle-ci peut y gagner dans sa vie civile. Se sentir capable d’endurer de la douleur, se sentir capable de surmonter, voir ses propres marques après les avoir subies, tout cela relativise la crainte de la violence, ses propres possibilités, mais surtout renforce inévitablement l’estime de soi et de sa propre force! J’ai surpassé, surmonté! J’ai dépassé ce que j’imaginais être impossible, et j’ai aimé cela! Cette découverte a changé bien des choses dans la vie de certaines soumises, et dans la vie de certaines femmes. Il est évident que le fait de l’avoir fait, par envie, par amour et par abnégation sont des facteurs clé, et des indispensables pour que l’effet soit positif!
L’envie de la satisfaire? Évidemment, cette partie s’adressant aux masochistes pures et dures, je serais bref puisque les cas sont assez rares, et généralement bien au fait de leurs besoin de douleur, je ne leur apprendrai donc rien au travers de cet article ! Néanmoins, en tant que maître, il est important aussi de savoir satisfaire les envies, les demandes et les besoins de sa soumise. Or, si celle-ci a un réel besoin masochiste, un réel besoin de ressentir de la douleur, pour se libérer, s’émanciper ou atteindre le sub-space, il est important de respecter et de satisfaire ce besoin, que ce soit (selon le fonctionnement du dominant) un all day, un jeu ou une récompense.
Pour conclure, il y a bien des raisons pouvant expliquer ce qui pousse les uns et les autres au sadisme, et au masochisme pour leurs partenaires, que certains définiront comme une perversion, d’autres comme une compréhension de leur moi profond.
Gardez à l’esprit, toujours, les éléments fondamentaux :
- La douleur doit être consentie
- Le geste doit être maîtrisé
- Les limites doivent être respectées
- La connaissance de vous même est primordiale
- Celle de votre soumise l’est egalement
- La confiance mutuelle est indispensable
Et enfin, probablement la plus importante mise en garde que je puisse faire à tous débutants, prenez le temps de vous connaître, vous même et votre partenaire. La douleur est une arme a double tranchant : elle peut galvaniser mais elle peut également détruire, gardez le toujours a l’esprit! Se lancer dans le sadomasochisme n’est ni anodin, ni sans conséquence !
Si je vous ai exposé mon analyse sur le sujet, en tant que Maître, ce n’est qu’à titre informatif. Et si vous n’êtes pas prêt(e), ni suffisamment en confiance (vis à vis de vous même ou de votre partenaire, qu’il s’agisse de manque d’expérience, de référence, de connaissance de soi ou de l’autre), parlez-en. Commencez a un niveau très bas, ne prenez pas de risques, respectez-vous l’un l’autre et laissez l’amour mutuel faire le reste!
Pour ceux qui souhaiteraient partager leurs avis, bonnes ou mauvaises expériences, ou mises en gardes pour ceux ou celles qui en auraient souffert, n’hésitez pas à en faire part en commentaire… Après tout, l’une des forces de cette communauté « underground », c’est que nous sommes généralement soudés, rassemblés par cette pratique, envie et philosophie commune!
À bientôt!
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