Dominant ou Maître? – Maître Loup
Voilà un sujet maintes fois abordé, mais qui m’a souvent été demandé, et qui est parfois source de confusion au sein de certains groupes…quelle est la différence entre Dominants, et Maîtres…
Sachez déjà que plusieurs « écoles » s’affrontent sur le sujet, en fonction des milieux, des pays, des époques… Je vais tenter de vous transmettre la vision, peut-être un peu « old school », qui m’a été transmise et a laquelle j’adhère…et ce, sans jugement aucun, il en faut pour tous les goûts !
Tout d’abord, laissez-moi préciser : comme je l’ai dit, d’autres « cercles » n’auront pas nécessairement le même point de vue, et que si il y a pour moi des différences fondamentales entre ces deux façon d’être, et de « dominer », ces deux « titres » sont considérés comme synonymes dans bien des dictionnaires… Nous toucherons donc, en plus de l’étymologie, à la sémantique.
Je suis moi-même, vous l’avez surement compris, un Maître. Pour autant, aucun jugement de valeur sur les Dominants! J’ai eu l’occasion de rencontrer de très bons Dominants! Et, malheureusement, de très mauvais Maîtres. Un prochain article sera d’ailleurs dédié à ce sujet!
Je précise également que cet article s’adresse comme toujours aux personnes qui, comme nous, considèrent la D/S comme un lifestyle, comme l’un des piliers de leur relation, et je pars du principe que cette relation est consensuelle et épanouissante pour chacune des parties en présence, et n’existe que dans le respect, le partage et l’amour…sans quoi, je ne cesse de le répéter, vous êtes dans une relation de Bourreau/victime, laquelle est à fuir plutôt qu’à être approfondie! J’ai tendance a le répeter très souvent, mais je crois, étant donné les temoignages que je reçois regulierement, que c’est IMPERATIF de commencer par cette base : cette relation, particulière, intense, forte et potentiellement dangeureuse, physiquement et plus encore cérébralement, doit être ÉPANOUISSANTE, sans quoi vous vivez simplement sous le joug d’un bourreau, d’un pervers narcissique, d’une personne qui n’est pas faite pour vous (peut-etre justement parce qu’il est l’un de ces deux « titres » et que c’est l’autre qui vous correspond). Dans tous les cas, il est grand temps d’en changer! Maintenant que le message est clair, revenons au sujet qui nous occupe!
Dominant
Commençons par la définition. Un dominant est une personne qui affirme sa superioté, qui prend le pas sur l’autre, ressent le besoin de le surpasser, voire de l’écraser. Il est dans sa nature de se sentir supérieur, de se dépasser pour mériter cette supériorité. De fait, lors de ses interaction sociales, il est celui qui attire, impressionne, parle fort, démontre sa supériorité, la mérite, dès lors qu’il en a l’occasion. Ça n’en fait pas une mauvaise personne, simplement un « leader », un « dos argenté » en d’autres mots. Certains abusent de ce statut, comme de n’importe quel autre, là n’est pas la question!
Dans la D/S, un Dominant est une personne qui contraint et soumet sa partenaire à sa volonté. Nous sommes dans un rapport de force. Il la soumet, de par son statut, il la « force » à abandonner sa volonté ou son corps, par la contrainte, par son autorité naturelle. Il est souvent à l’aise dans la punition « instantanée », sait se montrer dur et intransigeant sans forcer, puisque c’est sa nature. Il mérite, naturellement, la soumission de sa soumise, de par son statut, parfois son expertise, mais toujours par son comportement naturel. Il sait, et va à juste titre utiliser sa force (cérébrale et/ou physique) afin d’obtenir ce qui lui est dû, à savoir la soumission de sa soumise.
Le dominant aime, c’est dans sa nature, avoir à affirmer sa supériorité. La soumise « indocile » est son terrain de jeu favori. Avoir du répondant lui permet de se surpasser, de faire preuve de plus de domination, de plus de force, de plus de supériorité. Ainsi, il peut « lâcher les chevaux ». Il s’épanouit d’avantage dans le défi de posséder, soumettre et faire obéir une « brat ». Ses petits revirements, ses provocations, lui offrent le loisir de la dominer d’avantage, de la punir, et ainsi de s’affirmer d’avantage, quelle que soit la méthode employée. Il est au dessus, c’est d’ailleurs pour qu’il reste au dessus qu’elle a signé, et il aime le rester, gare à celle qui tentera de le détrôner !
Le Dominant a aussi des défauts, comme tout le monde! Il manque souvent quelque-peu de patience et d’empathie. En effet, la soumission de sa partenaire étant légitime (et choisie, consensuellement, je le rappelle encore!), le faire attendre l’agace au plus haut point, et le décevoir le met en rage. C’est légitime, dans la mesure où ses attentes sont justifiées, où il a tout pour les mériter, dans sa façon d’être et dans sa façon de traiter sa partenaire.
Une petite note, ici, pour vous rappeler que nous parlons de Dominant BDSM expérimenté et/ou à minima conscient néanmoins de son rôle, de ses responsabilités et de son engagement… et d’une soumise qui lui a remis les clés de son développement, de de son corps et de son âme avec confiance et conviction.
Maître
Contrairement au dominant, le Maître est un enseignant, un professeur, un sensei. Son rôle est éducatif. Cela nécessite pour lui d’avoir une expertise réelle et concrète qu’il est capable de transmettre. Cette expertise s’inscrit dans une démarche de progression et transformation, non de contrainte. Prenons l’exemple du sport, le Dominant écrasera son adversaire, en lui donnant les bases, en lui ordonnant gestes, postures, afin que ses coups, ses prises, soient exécutés comme il l’entend, tout en gardant sur sa partenaire une supériorité manifeste, qu’il lui rapellera dès que possible. Le Maître lui enseignera, patiemment, de par son expérience, son expertise et avant tout sa pédagogie à rattrapper son propre niveau, et même, idéalement, à le dépasser!
Dans la D/S, le Maître est une personne qui transmet, qui observe les résultats, fixe des objectifs. Son but est l’éveil, et l’envol de sa soumise. Il lui offre son savoir faire, son temps, son écoute. Comme tout enseignant, il attends de son élève une obéissance et un travail d’écoute et de compréhension. Il n’est pas nécessairement dans sa nature de s’imposer, ni même de contraindre, mais si il le fait, c’est dans un but avant tout éducatif, pas une fin en soi. Nombre d’entre nous estiment devoir mériter leur statut, de par la transmission de savoir et de plaisir qu’il offre. Il est récompensé d’avantage par les obstacles qu’il voit sa soumise franchir que par le plaisir qu’elle lui offre. Un maître est réfléchi, n’agit que pour faire progresser sa soumise, lui permettre d’atteindre la perfection qu’il vise, puis de la dépasser.
Le Maître est très souvent enclin à exposer sa soumise, puisqu’elle lui inspire avant tout de la fierté. Ses progrès sont son moteur et son Ambroisie. Ses efforts sont une délectation, puisque, par nature, ils prouvent qu’il est légitime et efficace dans son rôle d’enseignant. Contrairement au dominant qui déteste se retrouver en position de « faiblesse », le Maître aime les surprises, les découvertes, parfois même être décontenancé et surtout ébahi par les progrès de sa soumise! En tant que Maître, mon plus grand plaisir, devant même celui de jouir du corps et de l’esprit de ma soumise, est de la voir franchir une étape, que ce soit préparé ou mieux, fait par surprise, à son initiative à elle!
Soyons objectifs, le Maître a aussi de nombreux défauts… Tout d’abord, il agit toujours à dessein, avec un objectif et une attente réfléchie…ce qui, en théorie, peut paraître une qualité s’accompagne d’un défaut majeur : le manque de spontanéité ! Le second est que son rôle d’enseignant prend souvent le pas sur son rôle de dominant, ainsi il n’est pas toujours à l’aise avec le principe de la punition, à moins qu’elle ne survienne plus tard, restant ainsi pédagogiquement étudiée. En ce qui me concerne, je n’en suis pas moins brutal ou exigeant, du moins lorsque je l’ai décidé en amont… Il est parfois étrange de lire cela, mais de nombreux Maîtres, moi y compris, peuvent ne pas éjaculer pendant une séance, tout en la considérant comme une parfaite reussite. Plus cérébral que physique!
Quelles différences, au fond?
Le Maître n’est pas moins exigeant envers sa soumise que le Dominant, parfois même d’avantage. Là où l’un attend quelque-chose de naturellement mérité, l’autre attend un retour sur son investissement de patience et d’engagement…ce qui, fondamentalement, rend la relation totalement différente.
Le Plaisir de la soumise n’est pas, lui non plus, au même niveau chez l’un et chez l’autre. Le Dominant considérera que plus il dominera sa partenaire, plus son plaisir à elle sera présent, puisque c’est pour cela qu’elle s’est offerte. Le Maître utilisera le plaisir de sa soumise comme une « carotte », qu’il choisira de doser, que ce soit en récompense ou comme une preuve que son enseignement lui apportera un épanouissement incomparable.
Le Dominant pourra aisément faire face à toutes situations, dominer et maîtriser en tous temps sa soumise, là où son confrère aura besoin de d’avantage de réflexion, de préparation et d’anticipation pour lui offrir un vrai moment de Soumission…. même si toutes les occasions sont un terreau propice à l’enseignement, bien évidemment ! Cela étant, le Maître prendra l’entière responsabilité de l’évolution de sa soumise, et sera son support, la guidera d’une façon adaptée, selon ses possibilités à elle. Le Dominant, lui, attendra que l’évolution de sa soumise suive son propre désir, jusqu’à ce qu’elle atteigne ses limites… A ce moment là, elle n’aura que de choix de les dépasser ou de le perdre, lassé par l’insatisfaction.
Et pour la soumise?
Alors, maintenant que tout est clarifié, vous allez me dire « ok, mais moi, je suis une soumise, comment savoir si il me faut un Maître ou un Dominant? ». La question est très importante, fondamentale même, et dépend a la fois de qui vous êtes, et de ce que qui vous attire dans la D/S. Que vous ayez la soumission dans le sang ou que ce soit une découverte importe peu, puisque la réponse réside en vous-même.
Certaines femmes ont pour elles une force apparente, inébranlable. Elles sont libres, sans attache. Elles sont un électron libre, savent virevolter de groupes en groupes, sans s’arrêter. Énergiques, volubiles, ces femmes sont souvent leader dans chacun de leurs groupes. Elles aiment aussi la « castagne », sont mues par un fort caractère et sont à l’aise dans le conflit. Leur aplomb n’a d’égal que leur indépendance. Elles se veulent libres, et le vivent très bien. Bien sûr, elles aiment l’amour, qu’il démarre fort, rempli de passion et de folie. Et sans cette folie dans leur vie, elles laissent la vie les mener, tristement. Seul un bon « coup de pied au cul », ou un nouvel amour fou, les fait repartir dans leur frénésie. Dans la soumission, ces soumises recherchent l’abandon de leurs corps autant que de leur âme, mais également les sensations fortes, extrêmes (je parle ici du ressenti, pas nécessairement des pratiques!), et le dépassement de soi, pour elles-mêmes avant tout. Si vous êtes de celles-ci, c’est d’avantages un Dominant qu’il vous faut.
Certaines personnes ont besoin d’être guidées. Elles veulent qu’on les comprenne, qu’on prenne soin d’elles. Naturellement, elles font confiance, et n’ont pas honte de se reposer sur les autres. Elles ont besoin d’écoute, et de réfléchir avant d’agir. Elles ont aussi besoin de comprendre l’autre pour pouvoir lui apporter, et de se comprendre elles-mêmes pour avancer. Leur plus grande peur est de décevoir ceux qu’elles aiment. Parfois, leur apparente force dissimule une peur de l’échec et un manque de confiance en elles. Dans la soumission, elles recherchent avant tout l’appartenance, être le centre de tout, et de toute chose. La confiance qu’elles offrent doit être réciproque pour être source de joie. Si toutes les soumises recherchent la liberté de l’âme, certaines ont plus encore besoin d’un lien qui dépasse toute chose pour être heureuses et épanouies. Ce lien devient pour elles un support indispensable à leur équilibre et à leur estime d’elles-mêmes. Si vous êtes de celles-là, tournez-vous plutôt vers un Maître !
Le language commun!
J’ai entendu de nombreuses fois des discours bien différents, celui d’entre eux qui revient le plus souvent etant qu’un « dom » est un aspirant Maître. NON!
Un aspirant est un aspirant, un débutant est un débutant, un prédateur est un prédateur, un pervers narcissique est un pervers narcissique. Notre langue, magnifiquement pourvue en terme de nuances, nous permets d’appeler un chat un chat! Certains manquent singulièrement d’honnêteté et d’humilité, ce sont souvent d’ailleurs les mêmes qui manquent cruellement de connaissances… Aussi, ce que je vous dis, ce que j’ai appris lorsque je me formais aux us et coutumes de ce monde, est à prendre avec des pincettes ! Beaucoup ignorent la différence, pourtant significative, lorsqu’une soumise souhaite s’engager auprès d’un homme ou qu’un homme prétend pouvoir apporter bonheur et épanouissement a sa future soumise… Et cette vision demande a être approfondie, par l’écoute et le dialogue!
En espérant que cet article éclairera les curieux et les néophytes, je me permets un conseil, un dernier : NE MENTEZ JAMAIS, ni sur vous, ni à vous-même. Vous avez, ou aurez peut-être bientôt le corps, le coeur, l’âme, les espoirs, l’avenir, la vie d’une soumise à votre merci. Elle DOIT savoir a qui elle les offre. Vous débutez? Dites-le! Vous espérez? Qu’elle le sache! Vous manquez de certitudes, soyez TRANSPARENT! Je le redis, et ce sera le mot de la fin, une relation D/S peut être l’une des plus belles seulement si la confiance est absolue, le respect est mutuel et l’engagement est partagé!
En vous souhaitant à tous et à toutes de vivre votre vie D/S de la plus belle et de la plus épanouissante façon qui soit : dans le respect de l’autre, dans la compréhension de l’autre. Plus que tout, dans cet objectif de combler, plus encore que le corps, le coeur et l’âme de votre partenaire. Nourrissez-vous l’un l’autre, respectez vous l’un l’autre, et vous jouirez l’un de l’autre plus que de raison, au dela des sens et même de l’amour!
Au(x) plaisir(s), et comme toujours, j’attends vos comentaires!
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