Les responsabilités – Maître Loup
Je vois depuis plusieurs années déjà nombre de « dominants » ou de « Maîtres » qui n’ont qu’une très vague idée des responsabilités qui accompagnent le « pouvoir » que leur offre leur(s) soumise(s)… Loin des clichés romanesques suggèrant qu’il suffit de lui offrir le luxe et la volupté, j’aimerais partager avec vous ma vision et mes réflexions personnelles sur le sujet dans cet article…
« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités »… Ça n’a jamais été aussi vrai, n’en doutez pas !
Commençons par le début… Que fait une soumise, lorsqu’elle accepte un « contrat d’appartenance », de quelque nature qu’il soit? Elle s’en remet à son Maître, toujours. Elle s’en remet à son expérience, à sa protection, à ses compétences, à sa domination, à ses désirs, à sa patience, à sa compréhension, à ses exigences et à son jugement.
Tout cela est un cadeau, un cadeau inestimable ! Un cadeau qui ne s’achète pas, qui ne se négocie pas, mais un cadeau qui DOIT se mériter, toujours. Comment ? En respectant chacune de ces offrandes comme il se doit, et en respectant chacune des responsabilités afférentes. Considérer comme un dû, comme acquise, la soumission d’une personne, est pour moi l’apanage des pervers narcissiques, des manipulateurs et des fous dangereux, pas des Maîtres, que ce soit bien clair. J’ai rarement un avis aussi tranché et définitif, mais celui-ci est pour moi sans appel, et qui ne le partage pas n’a rien à faire ici !
Revenons à nos moutons ! Je parlerai plus tard du début d’une relation D/s, du chemin à faire pour passer de la simple envie au contrat, et pars du principe, pour la suite, que la relation consensuelle est déjà cadrée, les termes fixés et les limites définies. Il me faut maintenant partager ce qu’implique la notion de responsabilité, en fonction de ce qui nous est offert…
Je pense que c’est une philosophie indispensable pour être un bon Maître… Cela n’empêchera pas une certaine sévérité bien entendu, si c’est votre plaisir, pour autant, si vous considérez sa soumission comme un cadeau, chaque preuve de celle-ci, vous la rendrez naturellement au centuple… Et jamais elle ne regrettera de l’avoir fait, ni ne songera à faire marche arrière.
Elle s’offre, parce que vous avez su gagner sa confiance, son approbation, son amour, son respect, peut-être avez vous aussi piqué sa curiosité, ou révélé un besoin latent… Dans tous les cas, elle est votre, elle a fait ce choix, en toute conscience. Pensez-vous réellement qu’elle l’ait fait simplement pour vous faire plaisir ? Pour votre belle gueule, pour votre prose ou pour votre sexe ? Non, si elle le fait, c’est qu’elle espère se sentir vivante et s’épanouir sous votre joug. D’expérience, les couples D/s heureux et épanouis ont cela en communs qu’ils s’impliquent autant l’un pour l’autre, peut-être même d’avantage pour le Maître.
La posséder ne signifie pas « lui faire ce qu’on a envie » comme le pensent certains, mais trouver un équilibre entre ses besoins, ses envies, ses possibilités, son désir de progression, sa recherche de votre fierté et, en dernier, de vos propres envies.
Lui infliger un châtiment par exemple… Cela semble simple, en théorie. En pratique, c’est tout autre chose ! Celui-ci doit être réfléchi. Il ne peut être le même par caprice, par jeux ou par punition, sans perdre sa signification et donc sa valeur. Il ne peut dépasser une limite établie évidemment, ni être totalement anodin sans quoi il n’est plus un châtiment. Il nécessite un certain savoir faire, plus ou moins grand selon l’outil utilisé, n’oublions pas que certains peuvent blesser physiquement, d’autres cérébralement.
Ne pas punir peut également avoir un impact négatif, selon les relations… En effet, l’une de nos responsabilités est également de lui faire vivre sa soumission… Pas seulement quand vous en ressentez le besoin, mais également quand elle le ressent elle-même. À votre charge donc de la maintenir, selon votre mode de fonctionnement choisi, dans son « état de soumission »… Elle est avec vous pour vivre cet état, il en va de votre responsabilité de le lui accorder, aussi souvent que nécessaire pour elle, et pas seulement pour vous. Ça semble logique, mais c’est un fait que beaucoup semblent oublier. Être soumise ne signifie pas « subir » et « obéir ». C’est un état, une pleine conscience, qu’il vous appartient de faire vivre, d’attiser.
Elle vous offre donc son corps, dont vous devez en prendre soin… Marquer sans blesser, rougir sans lacérer, posséder sans abîmer. Mais elle vous offre aussi son plaisir physique. Et si chaque personne est différente, il n’en demeure pas moins que le plaisir physique importe et permets à chacune de se sentir vivante, épanouie, heureuse… L’en priver sciemment peut être parfois une punition appropriée, ou un caprice la maintenant en état de soumission, mais la plupart du temps, son plaisir doit être, sinon une récompense, un objectif. En ce qui me concerne, je récompense toujours sa soumission par du plaisir, et ses efforts par des orgasmes. Il m’arrive rarement de l’en priver, car son abandon au plaisir que je lui offre, ou parfois lui impose, est pour moi une forme de domination particulièrement délectable. Le lui refuser ne peut être qu’une façon de lui rappeler sa condition lorsqu’elle semble l’avoir oublié, ou encore lui faire part de ma déception. Mais dans tous les cas, le plaisir physique de la soumise doit être central.
Nous en avons déjà parlé au travers de « l’état de soumission », mais il est évident que la soumission cérébrale est aussi sous votre responsabilité. Que ce soit dans vos actes, dans vos mots, dans vos exigences ou dans votre façon d’être, il en va de votre responsabilité de l’aider à s’épanouir au travers de cette soumission, d’abord et avant tout cérébralement. La contraindre ainsi ne veut en aucun cas dire la heurter, la déprécier. Elle doit, par ce biais, se sentir plus forte, plus grande, plus belle…
J’aime à dire à Ayamé qu’elle est à la fois ma reine et mon esclave, c’est un résumé parlant. Je veux qu’elle se sente, lors de nos séances, parfois animale, parfois objet, parfois utilisée pour mon plaisir, physique ou visuel, parfois même pour mon amusement. Mais une fois la séance terminée, une fois rassasiée, câlinée, une fois le débrief terminé (lorsqu’il est nécessaire), et que la soumise s’endort, apaisée, il m’est important, pour ne pas dire indispensable, de constater que la femme est, elle, plus heureuse, plus forte, plus libre, plus grande que jamais. Cette soumission doit lui apporter, toujours, et pas seulement en tant que soumise, un plus dans sa vie, une élévation, physique ou spirituelle. C’est une évidence pour tous les Maîtres, il en va de même pour nous !
Être un Maître, c’est garder en tête les besoins de sa soumise, son bien-être, sa sécurité, son intégrité, son plaisir et son épanouissement avant tout. Alors, oui, nous nous servons au passage… Oui, dans le lot de toutes ces choses, de toutes les possibilités qu’elles nous offrent, parfois là où elles ignorent encore pouvoir prendre du plaisir, nous les emmenons. Telles de magnifiques fleurs, nous les aidons à grandir, à s’ouvrir, à bourgeonner, feuillant parfois quelques pétales… Nous sommes les jardiniers, c’est là notre plaisir, et notre fleur, nous ne devons pas la faire flétrir, mais en faire la plus belle des œuvres, aussi belle et resplendissante que possible…
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